CMV
Les infections congénitales à cytomégalovirus.
D’après l’entretien de Madame Vauloup-Fellous pour Gynécologie Pratique de Juin 2013
Bien que le plus souvent sans conséquence, les affections congénitales à cytomégalovirus peuvent être responsables de graves malformations ou de surdité non diagnostiquée pendant la petite enfance.
L’expression clinique d’une infection cytomégalovirus est très variable au cours de la grossesse. Cela peut aller d’une absence totale de signe clinique à une hépatite sévère ce qui est extrêmement rare. Entre ces deux extrêmes, on observe généralement des signes peu spécifiques comme la fatigue, fréquente chez la femme enceinte, ou des adénopathies, mais le plus souvent ces symptômes mineurs ne suffisent pas à déclencher une consultation spécialisée.
Le risque du cytomégalovirus pendant la grossesse n’est pas exclusivement réservé aux femmes n’ayant pas eu une primo-infection. En effet le cytomégalovirus tout serait activé à tout moment de façon inattendue de façon asymptomatique et ce tout au long de la vie. Le risque de réinfection est également possible.
Des malformations congénitales en rapport avec une infection cytomégalovirus ont été décrites chez les mères qui étaient immunisées avant la grossesse. On ne connaît pas la fréquence de ces cas car on ne les recherche pas,de sorte que seuls les cas graves sont diagnostiqués.
Et ceci est d’autant plus difficile car en France une femme sur deux n’a jamais rencontré le virus avant la grossesse.
La moitié des femmes n’étant pas immunisés avant la grossesse, le problème majeur chez ses patientes et de dépister la primo-infection, dont on estime la fréquence environ 1 %.
Le risque majeur est le contact avec les enfants en bas âge, donc typiquement la mère de famille qui a déjà un enfant au domicile, surtout si ces derniers fréquentent une collectivité (crèches). Lorsqu’il s’agit d’un contexte professionnel, le contact est souvent moins intime, en termes de partage de cuillère, de dormir ensemble, etc. Ainsi une puéricultrice travaillant en crèches qui respecte les mesures d’hygiène n’a ainsi pas plus de risques de faire une infection à cytomégalovirus.
En cas de primo-infection au cours de la grossesse la transmission à l’enfant n’est pas systématique et elle est globalement de 50 % (25 à 75 % selon le terme).
Le risque augmente avec le terme de la grossesse, en même temps que celui d’anomalies graves diminue.
Il faut rassurer les patientes car plus de neuf fois sur 10 il n’y a aucune séquelle et si les enfants sont infectés,ils se portent parfaitement bien et ne présentent aucune malformation.
Dans les 10 % restants, certains enfants sont lourdement touchés avec les atteintes notamment neurologiques et motrices, mais dans ces cas on aura pu informer les parents auparavant car les cas les plus graves auront été dépistés par échographie.
Environ 10 % des enfants asymptomatiques à la naissance, développent toutefois une surdité dans les premières années de la vie. Ces enfants doivent bénéficier d’un suivi pédiatrique et O.R.L. rapprochés.
On recherche des surdités peu sévères, mais qui peuvent impactés sur les apprentissages. Lorsqu’ils ne sont pas diagnostiqués, on pense souvent que ces enfants ne s’intéressent pas à l’école où ils ont du mal à intégrer certains sons et on les adresse à l’orthophoniste.
Si il existe une notion de primo-infection pendant la grossesse, on pratique un test diagnostique à la naissance.
Mais pour l’heure le dépistage n’est recommandé ni chez la femme enceinte, ni chez le nouveau-né, et les pratiques varient beaucoup d’une équipe à l’autre.
Le diagnostic prénatal (DPN) et réalisé le plus souvent par ponction de liquide amniotique ou, plus rarement, de sang fœtal ou de trophoblaste.
On recherche le virus dans le prélèvement ainsi réalisé.
Ce geste, qui n’est pas totalement dénué de risques, est proposé lorsque la primo-infection est survenue précocement, avant la 20e semaine d’aménorrhée, car le diagnostic échographique et plus performant lorsque l’opérateur sait que l’enfant est infecté. Dans la deuxième partie de la grossesse on est moins enclin à proposer cet examen le risque majeur étant la surdité ce qui n’est pas dépisté par l’échographie.
Le suivi dans la deuxième partie de la grossesse repose sur une échographie mensuelle est une I.R.M. en fonction des images échographiques. Le cas échéant la ponction du liquide amniotique confirme l’affection fœtale.
Le dépistage systématique du cytomégalovirus n’est pas obligatoire car la possibilité d’infection congénitale existe même si la mère est antérieurement immunisée. Cependant l’absence de traitement préventif ou curatif chez la mère ne signifie pas l’absence de prévention. De plus information des parents quant au risque est préférable à la découverte d’une catastrophe au moment de l’accouchement.
On peut réaliser un dépistage ciblé pour les femmes présentant des facteurs de risque, celles qui ont un enfant en bas âge mais aussi celles qui sont exposées à un contact professionnel.
Les conseils de prévention sont valables pour toutes les femmes enceintes et il convient en premier lieu de se laver les mains fréquemment et éventuellement de porter des gants pour changer les enfants de ne pas les embrasser sur la bouche, de ne pas utiliser le même linge de toilette et surtout de ne pas boire ou manger avec les mêmes ustensiles. Ces conseils sont adressés à la femme enceinte et à son conjoint car le cytomégalovirus est sexuellement transmissible et par la salive.